L'histoire du Jazz.
par C.Houles.

 

L'incessante évolution de l'art, l'aspiration au changement, sont souvent , pour un peuple, les marques de sa vitalité et de sa volonté d'exister à travers la création.

L'immobilisme artistique n'était-il pas annonciateur de la fin de la civilisation égyptienne ?

 

 

Au contraire, la création, sous une des formes les plus accessibles, la musique, permit aux Noirs Américains d'oublier leur humiliation, de faire entendre leur voix, à travers le monde, et de populariser ainsi leur quête de liberté.

 

 

 

I - Les différentes étymologies du mot "JAZZ"
II - Les origines de la musique JAZZ
III - La naissance du Jazz : le "NEW ORLEANS"
IV - La diffusion du JAZZ sur tout le territoire des U.S.A.
V - Le Mainstream - le "SWING"
VI - Quelques grandes personalités du MIDDLE-JAZZ
VII - Le JAZZ en France
VIII - Conclusion

 

I - Les différentes étymologies du mot "JAZZ"

 

Qu'est-ce que le jazz ? Tel musicien empruntant les rythmes afro-cubains fait-il réellement du Jazz, tel autre s'inspirant de la musique contemporaine tout en utilisant l'instrumentation du Jazz (piano, contrebasse, batterie) est-il réellement un musicien de Jazz ?

On le voit , ce genre musical résulte d'influences si diverses qu'il est difficile de le définir. Le terme Jazz est lui même sujet à controverses; le grand musicien Miles Davis qui fut une étoile de cette musique des années 50 à sa mort, à la fin des années 80, réfutait cette dénomination : le Jazz était à son avis, un mot inventé par les blancs pour définir la musique afro-américaine et se l'approprier.

Mais, quelles sont les origines de ce nom ? Plusieurs hypothèses sont évoquées:

-il dériverait de l'américanisme "jism/jasm", synonyme de force, d'exaltation, de sperme;

 

 

-ce pourrait être une déformation de "chasse-beau" figure du "cake-walk" (danse du gâteau, à la mode au XIXème siècle), qui serait ensuite devenue "jasbo";

-Il proviendrait du verbe français "jaser" utilisé dans le patois créole;

-les racines africaines seraient présentes dans ce mot; dans un des dialectes africains, "jasi" signifie vivre à un rythme accéléré, sous pression;

-enfin, en argot cajun, les prostituées de la nouvelle Oréans sont appelées "jazz-belles", en référence à la Jezabel de la Bible.

Le mot se répand par l'intermediaire d'un orchesre de musiciens blancs, l' ORIGINAL DIXIELAND JAZZ BAND, qui est passé à la postérité pour avoir gravé le premier disque Jazz en 1917.

II - Les origines de la musique JAZZ

 

COLLISION ENTRE CULTURES AFRICAINE ET EUROPEENNE

Entre 1619, date de l'arrivée des premiers noirs en Amérique du Nord et le début du XX ° siècle, qui vit naître la musique de JAZZ, trois siècles se sont écoulés durant lesquels les esclaves noirs ont du se recréer une culture.

En effet, les " Maîtres " interdisaient à leurs esclaves la pratique des rites et des musiques provenant d'Afrique, cependant, les noirs détournaient cette interdiction en accompagnant leurs travaux des champs de pratiques vocales leur permettant de communiquer entre eux.

Le rythme tenait une place d' importance dans ces "worksongs". On a coutume de dire que le JAZZ est la combinaison de trois genres musicaux que nous allons examiner séparément.

1- LE SPIRITUAL :

Lorsqu'il fut établi que les esclaves devaient être évangélisés, ceux-ci fréquentèrent les églises des blancs.

Après la guerre de sécessions, la ségrégation raciale, instaurée par les Blancs, permit l'indépendance des noirs sur le plan religieux. Ces derniers purent alors laisser libre cours à leur imagination et créèrent un style de prières chantées qui mêlaient les hymnes et les cantiques hérités des Blancs à leur tradition musicale axée sur le rythme et l'improvisation .

Le Négro spiritual était né.

On peut remarquer que les fidèles sont partie prenante dans cette musique en chantant le refrain et en marquant les temps faibles (2ème et 4ème temps d'une mesure à 4 temps), par des claquements de mains. Cette accentuation du temps faible est une particularité de musique afro-américaine ; on la retrouvera à certaines périodes dans le JAZZ ; elle est encore très présente dans le Rock et la Variété. En Europe, elle est peu comprise par le public non musicien, qui aura tendance à marquer tous les temps d'une mesure à 4 temps.

Le premier spiritual publié (en 1861) fut "GO DOWN MOSES";

Notons que le GOSPEL est la variante profane du SPIRITUAL; Il était destiné à l'industrie du spectacle, alors que le SPIRITUAL était réservé au Temple.

Dans "GO DOWN MOSES" on retrouve une particularité héritée de la Musique Européenne : "le Répons" (chant alterné entre l'officiant et l'assemblée).

 

2- LE BLUES :

L'Origine du mot remonterait au XVI ° siècle, en Angleterre. On croyait alors que l'état dépressif était dû à l'emprise des "diables bleus" (BLUE DEVILS). Au XIX° siècle, "I have the blues" signifie "j' ai le cafard".

Il n' y a pas de terme plus exact pour qualifier cette musique. Après la défaite des Etats Sudistes durant la guerre de Sécession, les grandes propriétés se morcelèrent . Le chômage frappa alors durement la population noire qui inventa le blues pour rendre compte de son triste sort.

Contrairement au Spiritual, le Blues est une musique de solitaire où l'on chante ses malheurs de la vie quotidienne.

La voix joue un rôle prépondérant dans cette musique et elle est souvent accompagnée par la guitare (plus appropriée au Blues que le Banjo, d'origine Africaine, que l'on retrouvera dans les premiers temps du JAZZ).Dans cette fin du XIX ° siècle, le violon ( encore un héritage de la musique européenne) complétait l' instrumentation. Il sera par la suite remplacé par l'harmonica, instrument d'origine chinoise, qui fut introduit dans les états du Sud des Etats-Unis par un allemand.

Le Blues se caractérise par une certaine pauvreté harmonique ; c'est une structure généralement de 12 mesures à 4 temps se répétant à volonté. Durant ces 12 mesures, le musicien n' utilisera que 3 accords.

Cette pauvreté n'exclut pas une grande expressivité mise en évidence par les blue notes (notes bleues). Elles seraient issues de l'emploi, en Afrique, de séries de notes non équidistantes ; les notes bleues, au nombre de 3, vont enrichir notre gamme tempérée (dans laquelle tous les degrés sont équidistants).

Il est à noter que le Blues, ne se joue pas forcément, comme on le croit trop souvent, sur un tempo lent ; les exemples de blues sur un tempo vif sont nombreux, notamment à l' époque du Be-bop.

Se référer aux enregistrements :
BUDDY GUY ( guit. voc.) "When my left Eye Jumps"
BESSIE SMITH ( voc.): " Midnight Blues" (1923)
PAUL BLEY (p.) : " When will the blues leave"( vogue 1962)

On se rend compte, à l'écoute de ces 3 morceaux, que le Blues, peut revêtir des formes très différentes ; cette musique a beaucoup influencé les musiciens de JAZZ, qui se sentent obligés de l' incorporer dans leur répertoire. L'exemple de PAUL BLEY, musicien étant apparu à l'époque du free-jazz, du jazz libre, sans contrainte, et significatif de cet état de fait. Le Blues est encore très pratiqué de nos jours.

3- LE RAGTIME :

Durant la seconde moitié du XIX° siècle, la bourgeoisie blanc américaine aimait à égayer ses fêtes par de la musique; elle fit appel aux petits orchestres noirs dont le répertoire était constitué de polkas et de quadrilles. Les musiciens noirs purent alors se familiariser avec la piano qui trônait dans les salons des riches demeures et qui deviendra l'instrument phare du RAGTIME.

Les pianistes noirs étudièrent la musique classique, mais surtout ils créèrent un nouveau style caractérisé par l'utilisation de syncopes à la main droite; la main gauche était chargée, quant à elle, de faire entendre l'harmonie par l'alternance des basses (sur les 1ers et 3èmes temps) et des accords (sur les 2èmes et 4èmes temps). L' utilisation des syncopes conduisit à appeler cette musique RAGTIME ( " Ragged time " : temps déchiré).

Le centre le plus actif de cette musique naissante était l'Etat du Missouri et plus particulièrement les villes de SAINT-LOUIS et SEDALIA (d' où était originaire SCOTT JOPLIN).

Pour certains critiques, le style musical possède 2 propriétés qui le font différer :
- l' improvisation est exclue de cette musique;
- la division du temps est encore binaire: dans un temps, chaque croche occupe la moitié du temps.

JELLY ROLL MORTON prétendait être l'inventeur du Jazz. Bien que sa musique soit apparentée au Ragtime il recourait souvent à l' improvisation. De plus, l'aspect rythmique de son style est souvent ternaire : dans un temps, deux croches n'ont pas la même valeur ; la première croche occupe les 2/3 du temps et la dernière le tiers restant. Cette caractéristique rythmique sera propre au Jazz durant de nombreuses années ; en jargon du musicien, on parlera de jeu ternaire.

Se référer aux disques : J
ELLY ROLL MORTON "Perfect Rag" (1924)
J.R. MORTON "the pearls" (1926)

 
III - La naissance du Jazz : le "NEW ORLEANS"

 

A la fin du siècle dernier, il régnait à la Nouvelle Orléans, ville portuaire et sous protectorat Français jusqu'en 1803, un climat moins puritain que dans le reste des Etats-Unis. Un quartier, STORYVILLE, était réservé aux lieux de plaisir. Dans cette ambiance joyeuse, la musique était à tous les coins de rues. Les Musiciens noirs s'emparèrent des instruments à vent délaissés après la guerre de sécession et créèrent de la fanfare qui accompagnaient les enterrements, mais qui avaient aussi pour vocation de distraire.

Ils adaptèrent pour les vents les Blues, Spirituals, Rags. Les percussions africaines, qui avaient survécues à la Nouvelle Orléans, se joignirent aux fanfares. Des Petits orchestres composés d'un cornettiste, d'un clarinettiste, d'un tromboniste, d'un banjoïste et d'un batteur (les divers instruments de percussion ayant été rassemblés en un seul instrument : la batterie) commencèrent à se former.

Le tout début du XX° siècle vit apparaître le Jazz New-Orléans.

Le NEW ORLEANS est avant tout une musique polyphonique: les 3 instruments à vent de l'orchestre deviennent simultanément des lignes qui suivent une certaine logique: ainsi, le cornet a pour rôle de faire entendre le thème du morceau, la clarinette crée, dans les aigues, des effets qui vont enrichir la mélodie et le trombone s'attache à faire entendre les accords dans les graves.

L' improvisation collective joue un grand rôle dans l' élaboration de cette musique.

IV - La diffusion du JAZZ sur tout le territoire des U.S.A.

 

1- CHICAGO :

Dans les années 20, la population noire des états du Sud émigra, pour des raisons économiques, vers les grandes villes du Nord. Les musiciens suivirent ce mouvement et beaucoup s' installèrent à CHICAGO, où ils participèrent aux premiers enregistrements de JAZZ.

C'est dans cette ville que se révélèrent les deux premiers géants de la musique afro-américaine : LOUIS AMSTRONG et SYDNEY BECHET. Leur forte personnalité apporta une nouvelle dimension au style New-Orléans; Ils inventèrent le concept d'instrumentiste soliste, qui allait devenir l'une des pierres d'angle de la musique de JAZZ ;

Se référer à :
Louis ARMSTRONG: " Cornet Chop Suey " (1926)
Sydney BECHET : " Achin'Hearted Blues " (1923)
Dans cet extrait Sydney BECHET joue de la clarinette. Il optera peu de temps pour le saxophone soprano.

Louis Amstrong dit "STATCHMO"

L'un des surnoms de Louis AMSTRONG était "SATCHMO" ("satchel Mouth" : bouche en forme de bourse). Les musiciens de Jazz ont souvent recouru à l'usage des surnoms ; cette pratique remonte à l'époque de l'abolition de l'esclavage où les noirs, nouvellement affranchis, refusèrent de continuer de porter les noms de leurs anciens maîtres.

2- LES CHICAGOANS :

Les musiciens blancs de la région de Chicago ne restèrent pas insensibles au New-Orléans, certains d'entre eux décidèrent d'adopter définitivement cette musique. Issus pour la plupart de familles aisées, ils avaient suivis une formation musicale classique. Ceci se ressent dans le style chicagoan qui inclut des parties arrangées ( écrites). Quant à savoir si l'affirmation souvent énoncée : " le Jazz est une musique que seuls les noirs sont capables d' interpréter " est fondée, l'exemple des chicagoans, qui se sont totalement investis dans cette musique, semble prouver le contraire.

Se référer à :
BIX BEIDERBECKE (cornet, p.) : " Big Boy " (1924)

3- NEW-YORK - "le piano stride":

A la même époque, dans les années 20, apparaît à NEW-YORK Harlem, un style pianistique hérité du Ragtime, mais qui, cette fois, recourt à l'improvisation : ce style est appelé "piano stride".

L' un des inventeurs de ce style est JAMES P. JOHNSON.

FATS WALLER est, lui aussi, une figure marquante de ce genre musical. Sa facilité à composer des chansons était déconcertante ( on en dénombre 450). Ainsi, un soir qu'il était dans une fête, passe-temps qu'il affectionnait particulièrement, son parolier lui téléphona afin qu'il lui rappelle certaines parties d' une chanson. FATS l' avait oubliée : il lui dicta alors un morceau qu'il venait d' inventer sur l' instant; " Honeysuckle Rose ", qui sera repris par de nombreux musiciens, venait de voir le jour.

Se référer à :
FATS WALLER "Honeysuckle Rose" (1935)

 

V - Le Mainstream - le "SWING"

 

Après le Crash de Wall street, qui entraîna l'Amérique dans une crise profonde, il fallait montrer que les USA étaient encore un pays riche et puissant. L'industrie du spectacle qui se développa à cette époque, put donner l'illusion de cette richesse.

De grands clubs naquirent dans ce contexte, on pouvait y voir des spectacles de danse accompagnées par des orchestres de JAZZ. La dimension des salles conduisit à augmenter la taille des ensembles afin qu'ils conservent une certaine puissance sonore. Le JAZZ de cette période, qui s'étend jusqu'au Be Bop, conçu pour la danse, et qui n'a pas encore la prétention de révolutionner la musique, est appelé Mainstream ou Middle Jazz ou Jazz Classique.

Rollins

Il n'est plus ici question d'improvisation collective comme dans le New-Orléans ; les parties des différents pupitres sont écrites. L'arrangeur devient un personnage clé du JAZZ en " Big Band ". L'improvisation n'est pas pour autant exclue de ce genre musical, elle est réservée au soliste. Il est temps d'éclaicir certains éléments techniques afin de bien comprendre en quoi consiste l'improvisation " jazzique " depuis cette époque et jusqu'à nos jours.

Dès l'apparition du Mainstream, le matériau thématique des Rags et Spirituals est abandonné au profit des mélodies de la comédie musicale américaine (GERSCHWIN, COLE PORTER, JEROME KERN…), ces chansons appelées standards, sont souvent écrites sous la forme AABA, A constituant le Thème principal ; l'autre partie de la chanson " B " qui diffère de " A " par la mélodie et la séquence harmonique est désignée par le terme de pont.

L'ensemble AABA forme un structure complète de 32 mesures que l'on appelle grille. Les orchestres utilisent ces chansons sans nécessairement recourir à la voix. Dès le début du morceau, une première grille est jouée, mettant en valeur la mélodie et la suite d'accords ; l'arrangeur aura pour tache de faire " sonner " l'orchestre en respectant ces contraintes. Ensuite, la place est laissée au soliste qui doit , sur un certain nombre de passages de la même grille et accompagnée en général par la seule section rythmique ( piano, guitare, contrebasse qui remplacera le tuba, batterie), faire montre de ses talents d'improvisateur. Il fondera son discours sur la base de la suite d'accords du morceau, par contre, la mélodie initiale n'est plus présente dans son jeu.

Cette nouvelle conception du JAZZ et de l'improvisation se retrouvera dans les petits ensembles : une section rythmique aura pour tache d'accompagner et de propulser un ou plusieurs solistes qui, après l'exposé de la mélodie du standard, auront le loisir, un après l'autre , d'improviser selon leur personnalité propre. Il est à noter que , même dans l'exposé de la mélodie, l'interprétation est primordiale et il n'est pas un musicien qui joue un air de la même manière.

Le Big Band de MIDDLE JAZZ est l'initiateur du style " Swing " popularisé par les orchestres blancs et qui, durant une dizaine d'années et jusqu'à la guerre, fera les beaux jours des salles de bal.

 
L'orchestre de Jay McShann. Le Saxophoniste du milieu est Charlie Parker.

Se référer aux disques :
FLETCHER HENDERSON Orch. : "Come on baby" 1928

On peut noter dans cet extrait que les deuxième et quatrième temps sont toujours accentués (cette caractéristique va ensuite disparaître).

On peut aussi remarquer que le saxophone est désormais un des instruments essentiels de la musique de JAZZ ; il était rarement présent dans le style New-Orléans.

D'autre part, le saxophoniste BENNY CARTER pratique dans ce morceau un genre vocal qui sera souvent repris par les chanteurs de JAZZ et notamment par ELLA FITZGERALD : le SCAT.

COLEMAN HAWKINS (sax.ténor): "Body and Soul" 1939

Le soliste faisant une partie de la réputation d'un Big Band, le chef d'orchestre essayait de recruter des " pointures " ; assurément, C.HAWKINS en était une. F. HENDERSON engagea " The Bean " (le haricot) dans son orchestre. C. HAWKINS était réputé pour sa grande science harmonique sur laquelle il basait ses improvisations.

DUKE ELLINGTON Orch.: " Solitude " 1940
DUKE ELLINGTON Orch.: "I got it bad and that ain't Good" 1956

The DUKE, l'un des génies de cette musique, avait dans son orchestre une pléiade de grands musiciens ; il composait un morceau en pensant au style du soliste auquel il était destiné.

Dans cet extrait qui est une ballade (morceau à temps lent), on peut admirer la grande expressivité du saxophoniste alto Johnny HODGES.

Jimmie LUNCEFORD Orch. : " Breakfast ball " 1934

Count BASIE Orch.: "Flute Juice" 1957

COUNT BASIE, dont l'orchestre était d'une précision rythmique extraordinaire, était originaire de Kansas City ; c'est dans cette ville qu'ont été imaginés les courts motifs mélodiques souvent répétés dans un même morceau : les riffs. Dans cet extrait, on peut s'apercevoir que les 2ème et 4ème temps ne sont plus accentués. Tous les temps sont égaux.

C. BASIE a lui aussi engagé des musiciens une grande envergure ; LESTER YOUNG fut un des plus grands saxophonistes ténor, il a influencé une multitude de " souffleurs ". Par rapport au jeu de C.HAWKINS ; " The President " s'intéresse plus à l'aspect mélodique qu'à l'aspect harmonique et le son est dénué de vibrato.
LESTER YOUNG avec Teddy Wilson (p).

 

VI - Quelques grandes personalités du MIDDLE-JAZZ

 

John Coltrane

La révolution post-Bop
J.COLTRANE

1. UN PIANISTE HORS PAIR : ART TATUM

On ne peut passer sous silence l'importance d'un musicien comme ART TATUM qui reste le modèle du virtuose du JAZZ. La légende veut qu'il ait appris le piano en reproduisant des pièces jouées à 4 mains ! Son extraordinaire oreille alliée à une technique superlative, lui permettait de sortir vainqueur de tous les pièges harmoniques qu'il ne se lassait d'affronter.

Lorsque ART TATUM allait écouter FATS WALLER dans un club, ce dernier, qui était un pianiste de grande classe, l'accueillait en lançant au public : "Dieu est dans la salle".

Se référer au disque :
ART TATUM "Nice Work if you can get it"

2. LES VOIX:

Bien que le matériau de base soit emprunté à la chanson (ainsi les "feuilles mortes" est devenu un standard de Jazz sous le nom de " Autumn Leaves "), le JAZZ est une musique essentiellement instrumentale ; néanmoins certains vocalistes ont marqué de leur empreinte ce genre musical.

 

Se référer aux disques :


BILLIE HOLLIDAY : "Now or Never"
Sa voix qui ne répond pas au canon de la voix classique, dégage néanmoins une émotion certaine alimentée par les difficultés que "Lady Day" a rencontrées toute sa vie durant.

ELLA FITZGERALD : "It don't mean a thing"

Billi Holliday et Ella Fitzgerald

Citons Lucien MALSON et Christian BELLEST traitant du cas d'E. FITZGERALD " le Jazz " : "…son timbre clair, son goût pour les virevoltes, les pirouettements, tout en vivacité, en gaieté, son art consommé des vocalises, tout l'oppose à Lady Day", sans oublier cette sage raison qui finit toujours par s'imposer, cette santé terrienne qui éclate dans le chant". Alain GERBER dit avec justesse : "Ella, c'est la terre, Billy, c'est le feu".

 
VII - Le JAZZ en France

 

Dès les années 20, le JAZZ commence à s'exporter. Ainsi, SYDNEY BECHET fait une première tournée en Europe en 1919. On le verra à Paris, sur la scène du théâtre des Champs Elysées en 1924 aux cotés de Joséphine BAKER dans la "Revue Nègre".

Ces tournées de plus en plus nombreuses des musiciens Noirs américains dans la capitale française et l'apparition du disque permit d'initier les musiciens français au JAZZ. Pour certains, ce fut la révélation : " Dès que j'ai pu en entendre, j'ai compris que c'était vraiment ma musique et que le Jazz, il semblait qu'on l'avait inventé exprès pour moi ". (Stéphane GRAPPELLI).

A la fin des années 20, S. GRAPPELLI était un poly instrumentiste de grand talent (piano, saxophone, violon) employé par les orchestres de danse.

En 1934, S. GRAPPELLI eut l'occasion de jouer dans le même orchestre que le guitariste manouche DJANGO REINHARDT.

Pendant les pauses, les deux amis prirent l'habitude d'improviser en coulisse sur des thèmes de JAZZ. GRAPELLI utilisait alors l'instrument sur lequel il deviendrait célèbre : le violon.

 

Ces échanges musicaux informels entre les deus grands musiciens annonçaient la formation d'un orchestre mythique : le Quintet du Hot Club de France.

Ainsi, des musiciens européens allaient à leur tour, marquer de leur empreinte la musique de JAZZ.

Se référer aux disques :
Le QUINTET DU HOT CLUB DE France : (1934)
STEPHANE GRAPELLI : "Nuages"
(Discographie extrêmement importante)

 

VIII - Conclusion

 

De ses origines au Be Bop, le JAZZ a connu de perpétuels changements; il ne s'est pas passé une décennie sans qu'un nouveau style, de grands musiciens apparaissent.

Jusqu'aux années 70, ce phénomène a perduré. Depuis, il semble que la marche en avant soit bien moins perceptible. Alors qu'il est la forme artistique la plus originale que nous ait légué le Continent Nord-Américain, alors qu'il est devenu un langage universel entré dans les Conservatoires, le JAZZ serait-il mort ?

Quel génie le fera renaître de ses cendres ...
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